Le 22 avril dernier, le journal réactionnaire Valeurs Actuelles publiait une tribune, signée pour l’essentiel par des généraux en retraite, appelant à « l’éradication » des « dangers » que constitueraient l’antiracisme politique et les « hordes de banlieues », et promettant en l’absence de réponse de l’État une intervention armée débouchant sur des « milliers » de morts. Peu après, cette première tribune a été suivie d’une autre, signée par des colonels de 2e section sur le site profession-gendarme.com, appuyant les putschistes en charentaises dans un texte cette fois parfaitement antisémite et complotiste.
L’existence de courants réactionnaires dans les armées, jusqu’au fascisme et au néo-nazisme, n’est pas une surprise. Il est en revanche symptomatique que ces courant s’expriment ouvertement, en dialogue avec l’aile « civile » du fascisme français : Marine Lepen a ainsi encouragé publiquement ces tenants de l’intervention armée contre des opprimé·e·s jugé·e·s trop remuant·e·s.
Est-ce à dire que nous sommes à la veille de la concrétisation de tels appels dans une tentative de coup de force ? Rien n’est moins sûr, et tout porte à croire que cette agitation factieuse n’est pour le moment qu’un épisode d’une campagne présidentielle qui s’annonce hautement droitière.
Ces derniers mois ont vu l’intensification d’une politique raciste et policière, dont la loi sécurité globale et le texte contre le « séparatisme » sont les principaux épisodes législatifs. Les trois droites (LREM, LR, RN) rivalisent d’inventivité en la matière. Macron, dusse-t-il être réélu en 2022, poursuivrait la destruction des retraites, de la sécurité sociale, de la santé, de l’éducation, renforcerait cet arsenal législatif autoritaire : au fond, il ne ferait que préparer le terrain à l’aboutissement logique de cette politique avec l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National à moyen terme.
Face à cette résistible ascension de l’extrême-droite, et face à une casse sociale poursuivie y compris durant la crise par la réforme des allocations chômage, la gauche bourgeoise est quant à elle atone ou obsédée par ses écuries présidentielles. Elle n’en finit pas de crever sous le poids de trahisons parfois centenaires, ne se sentant même plus tenue de défendre en paroles les travailleur·se·s et leurs intérêts, dédaignant les grèves au profit de perspectives électorales illusoires. Cette gauche se refuse pour une part d’entre elle à combattre l’islamophobie, le racisme et l’antisémitisme, s’abritant derrière une « laïcité » revue et corrigée par les obsessions islamophobes. Il n’y a rien à attendre de l’union de tels débris, tout juste capables de produire un nouveau Macron ou des tribuns réformistes sans consistance.
Le mouvement ouvrier apparaît affaibli, et l’espace public est saturé de discours réactionnaires. Sa recomposition ne saurait être envisagée autour de figures présidentiables et de « mouvements » ad hoc dépourvus de culture démocratique et militante comme d’ancrage de classe. L’autonomie de notre classe ne se reconstruira que dans les organisations communistes et révolutionnaires, dans les syndicats, dans les collectifs de lutte féministes, antiracistes, contre les violences policières, pour le logement… Cette autonomie implique autant le recentrage autour des intérêts économiques et politiques des travailleur·se·s que la prise en compte des oppressions multiples auxquelles ils et elles sont en proie. C’est à participer à cette reconstruction que les militant·e·s de l’UPC veulent s’atteler, sans sectarisme mais en affirmant clairement que, sans révolution, sans lutte contre la bourgeoisie, le patriarcat et le racisme, les capitalistes continueront à nous entraîner à l’abîme, détruisant les travailleur·se·s et leur environnement.
La crise sanitaire a fait la démonstration de l’incurie totale de la bourgeoisie, et de sa dangerosité lorsqu’elle met en balance nos vies et ses profits. Tant qu’elle sera au pouvoir, la classe dominante choisira en dernier recours les seconds contre nos besoins élémentaires, notamment du point de vue de la santé.
Nous vivons actuellement l’échec patent de la politique sanitaire du gouvernement : le refus de mener une politique « zéro covid », une campagne de vaccination trop lente, l’influence néfaste du patronat sur les décisions prises reportent d’autant une éventuelle sortie de crise, et font peser le risque d’émergence de nouveaux variants résistants aux vaccins actuels. Soucieux avant tout de préserver les intérêts de la classe capitaliste, le pouvoir refuse obstinément la levée des brevets sur les vaccins, et persiste dans une politique obscurantiste, à la fois inefficace d’un point de vue sanitaire et reposant sur l’arbitraire policier.
Nous pouvons et devons faire entendre qu’un autre modèle de société est possible. Le communisme, qui n’a jamais été et ne sera jamais la mise au pas de notre classe dans de prétendues « démocraties populaires », est cette perspective d’une organisation sociale reposant sur les besoins de la population, et non sur l’exploitation de notre force de travail. Il est cet horizon d’un monde sans propriété privée des moyens de production, sans argent, sans État, qui doit être présent dès maintenant dans nos pratiques de lutte, aux côtés des exploité·e·s partout où ils et elles relèvent la tête.
Face à la classe dominante, contre le fascisme : reconstruisons l’autonomie de classe !
