Partout sur le territoire, les grèves et les manifestations du 5 décembre ont lancé le mouvement contre la réforme des retraites. Les militant·es de l’UPC ont participé à ces actions.
Lyon
La journée a commencé tôt par le blocage de l’université Lyon II par les étudiant·e·s protestant à la fois contre la réforme des retraites et la précarité étudiante. Plusieurs lycées (comme par exemple Ampère Saxe ou la Martinière) ont également été bloqués ainsi que des dépôts logistiques et des axes routiers.
À partir de 10h30, malgré les trains et les bus massivement à l’arrêt (1 TER sur 20 roulait), 35000 manifestant·e·s ont participer à la manifestation appelée par l’intersyndicale. Étaient présents massivement des personnels de l’éducation, des hospitaliers et de l’énergie ainsi que de nombreux·ses étudiant·e·s. Une masse humaine que nous n’avions pas vu dans cette ville depuis au moins 2010. La police a essayé à de multiple reprises de diviser la manifestation mais n’y est pas parvenue grâce à la solidarité des travailleurs et des travailleuses.

Les Gilets Jaunes souhaitant continuer à montrer leur détermination et leur colère, des manifestations sauvages ont perduré jusque dans la soirée. Le boulevard et le tunnel de la croix rousse ont ensuite été bloqués par quelques dizaines de personnes.
Dans l’éducation une assemblée générale d’environ 500 personnels a reconduit la grève pour le lendemain. À la SNCF la grève est également reconduite.
Paris et Région Parisienne
Atmosphère de lutte dès le matin à Paris, en l’absence quasi-totale de trains, bus et métros. Des piquets de grèves se tiennent dès l’aube sur certains dépôts RATP et de petits collectifs, dans les rues et les cours d’immeubles, vers les portes de Paris, préparent des banderoles. A 14h, en dépit du froid, une masse (venue par bus, mais le plus souvent à pied, malgré la distance) converge vers gare de l’Est pour former un cortège particulièrement dense – au point que circuler dans la manif s’avère particulièrement difficile. Le cortège, qui remonte encore sur le boulevard Magenta, s’étire au-delà de la station Jacques Bonsergent, quasiment jusqu’à République. Mais il reste statique : au-devant, la police semble bloquer l’accès à la place de la République ; une remorque de chantier prend feu devant la Bourse du travail (dont les salariés sont également en grève) ; les flics gazent le début du cortège qui reflue autant que possible – une nasse semble avoir eu lieu à République. La tête de manifestation reste bloquée jusque vers 17h sur le boulevard Magenta. Pendant ce temps, de petits groupes semblent s’être faufilés par les rues adjacentes pour rejoindre Nation (point de RDV pour les bus affrétés par les syndicats, pour les habitants de banlieue). Le cortège syndical est toutefois bien ralenti par ces trois heures d’immobilité. L’arrivée à Nation est très tendue, la police ayant décidé de maintenir l’ordre de dispersion pour 19h nonobstant les 3h d’immobilisation à République.
Saint-Étienne
C’est un cortège massif qui s’est élancé ce matin à Saint-Étienne. 22 000 personnes au moins étaient présentes, avec une mobilisation forte et attendue des cheminot·es, des personnels de santé, des salarié·es d’EDF, des enseignant·es, mais aussi du secteur privé – notamment dans la métallurgie.
La manifestation a été suivie d’un blocage de la RN88, mené notamment par les gilets jaunes et les étudiant·es.
À la SNCF, il est à noter qu’aucun train n’a circulé aujourd’hui dans les gares de Saint-Étienne.
Dans l’éducation, des établissements habituellement peu mobilisés ont dépassé pour certains les 90% de grévistes, et le cortège des enseignant·es était particulièrement imposant. Les travailleur·ses de l’Université ont décidé d’une grève reconductible, tandis que l’administration fermait administrativement les différents campus, après le blocage mené par les étudiant·es. Une Assemblée Générale de l’éducation, rassemblant une centaine de personnes, a pour le moment décidé de soutenir la reconduction et d’appeler à rejoindre le piquet de grève des cheminots, dans l’attente des AG d’établissements et d’écoles devant se prononcer sur la poursuite de la grève.
Enfin, un appel de la CGT PEP à une manifestation samedi à 13h30 à la Bourse du travail a été lancé, et rappelé par l’Union Syndicale Solidaires à la fin de la manifestation.
Toulouse
Le 5 : Une assemblée générale de l’éducation de 300 personnes s’est réunis à la bourse du travail et a voté la grève reconductible jusqu’au mardi, laissant la possibilité de reprendre lundi pour ceux ne voulant pas perdre le week-end. Plusieurs commissions ont été mise en place et une forte volonté de s’organiser en interprofessionnel était a noté. Dans l’ensemble l’atmosphère était déterminée, de lutte, et détendue. Le Taux de grève ce jour est selon les participants historiques. Un appel pour ouverture d’un lieu public pour accueil des familles sans abris dont les enfants sont scolarisés (lundi 9, je vous tiens au courant sur la suite) a été fait. L’Interprofessionnel prévue à 19h s’est tenue devant la bourse du travail. La Manifestation fut d’une taille quasiment jamais vue, certains disent depuis 2003, d’autres 2006, dès 14h quelques lacrymos contre le cortège de tête de la manif, devant les Abattoirs, à plus de 500m du lieu de départ de la manif.
Le 10 : AG de l’éducation au Mirail à 9h, 270 personnes, la grève reconductible est votée jusqu’au vendredi. Une prochaine AG fut prévu vendredi matin. Par contre aucun comité de grève n’a été prévu, uniquement des commissions autonomes. S’en est suivi le vote d’un cortège unitaire de toute l’éducation, lycéen, étudiants et profs. Il est à noté que le taux de grève pour aujourd’hui dans les établissements dépassant la moyenne. Les enseignants du Lauragais (lycées, collèges comme ecoles) sont en grève reconductible tournante depuis jeudi.
Grenoble
La mobilisation du 5 a été particulièrement puissante, avec comme ailleurs à son avant garde les cheminot.e.s et l’éducation. Les uns et les autres tiennent des assemblées régulières, et se mettent en rapport.
En matière de structuration des secteurs en lutte, la culture et le travail social se sont dotés de leurs assemblées générales de branche professionnelle. Partout ailleurs, les travailleurs.ses, même organisés, se sont mobilisés massivement mais par une participation individuelle à la grève. L’enjeu de la transformation de ce soutien massif mais exprimé individuellement en mouvement collectif organisé est pris à bras le corps par des secteurs déterminés des grévistes et du mouvement ouvrier de la CGT et de Solidaires notamment, mais y compris au-delà.
La seconde puis la troisième manifestation, plus modestes numériquement, ont vue l’irruption des étudiants dans la mobilisation. Animée par l’UNEF Tacle (d’extrême gauche) et l’UEG (gauche réformiste), cette mobilisation oscille entre volonté de participation à des actions de blocage économique et construction classique d’AG étudiantes parfois très sérieuses, en fonction des établissements.
L’intersyndicale appelle, depuis ce jeudi, à des assemblées générales interprofessionnelles après les manifestations. Dans les territoires, les Unions locales s’engagent parfois dans la même voie. Reste en matière de structuration à établir les instances appropriées pour articuler établissements, branche professionnelle et interprofessionnel et sortir d’une conception de l’AG comme simple tribune. Peut-être à travers un comité départemental de mobilisation ?
Se constituent au sud de Grenoble des équipes de quartier, par la rencontre des grévistes d’établissements voisins, qui commencent à être en capacité de quadriller des parties du territoire. Des départs collectifs vers la manifestation sont ‘organisés sur cette base. L’ idée de telles équipes est accueillie favorablement dans tous les milieux grévistes.
Reste à densifier l’ancrage et l’organisation du mouvement, et à se mettre en situation de faire balancer vers la grève les gros bataillons des entreprises privées.
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