Poser la question du régime, préparer la révolution sociale.

L’irruption massive de centaines de milliers de personnes dans une mobilisation dirigée contre le gouvernement ; le soutien, ne se démentant pas, d’une majorité de la population à cette mobilisation qui persiste, chaque semaine, d’actes en actes, en dépit des reculs successifs de l’exécutif et sans respecter aucune trêve des confiseurs ; les germes de division apparaissant dans la majorité parlementaire : tout signale qu’en France, et au-delà de ses gestionnaires du moment, le régime en place est à bout de souffle. Une situation potentiellement pré-révolutionnaire est susceptible de s’ouvrir.

La mobilisation, ses ambiguïtés et ses différents registres font écho à une crise plus profonde encore que celle des institutions : la crise internationale de l’économie capitaliste. Depuis dix ans maintenant, cette économie connaît des convulsions se rapprochant sans cesse, aggravant les confits entre États et détruisant les conditions de vie de millions de travailleurs·ses. Travailleurs·ses qui, constatant la faillite des politiciens néo-libéraux, sont l’objet de la propagande de démagogues nationalistes voire fascistes qui tentent de nous faire croire que la solution serait dans un «capitalisme national », protégé derrière d’illusoires frontières. Mais, dans le capitalisme en crise, le protectionnisme c’est la guerre et la misère tout autant – sinon plus – que le « libre-échange » !

Si la révolution doit bien commencer dans un pays, la seule voie pour sortir de cette crise est en fait une révolution mondiale, gagnant successivement tous les pays. Des mines de Gafsah en Tunisie dont l’explosion a préparé les révoltes arabes aux émeutes des provinces de l’Iran, des « piqueteros » d’Argentine aux grèves ouvrières massives en Chine : nombreuses ont été les étincelles qui, ces quinze dernières années, ont annoncées la fin de la paix entre les classes ; fin de la paix entre les classes qui désormais se signale jusque dans les pays riches, les pays impérialistes, comme la France. C’est le sens de la situation actuelle.

République référendaire ou République des travailleurs·ses ?

La mobilisation des gilets jaunes s’est emparée, en partie, du mot d’ordre de « référendum d’initiative citoyenne », qu’elle entend proposer comme une solution pour résorber la distance stratosphérique qui sépare les préoccupations des politiciens et la vie concrète des masses – et permettre à celles-ci d’intervenir dans les décisions. Des dispositifs de ce type existent en Suisse, en Croatie ou dans certains États américains. Or, dans ces pays, les pauvres et les exploités sont aussi pauvres et exploités ; les riches restent, sans exception, au pouvoir ; les minorités sont souvent persécutées et le SMIC rarement augmenté, parfois même du fait de décisions prises par la voie du référendum et du sacro-saint « suffrage universel ». Macron lui-même n’a t-il pas été élu au suffrage universel ?

En réalité, les opprimé·e·s, les travailleurs·ses ne peuvent agir pour leur émancipation qu’en agissant ensemble, dans un cadre collectif et organisé ; et non pas chaque individu pris séparément, dans le secret d’un isoloir. La masse atomisée est sensible aux démagogues ; elle est soumise à la propagande lancinante des médias de masse aux mains des classes possédantes. Et lorsque son vote ne convient pas, les dirigeants ne le respectent de toute façon pas !

Il faut donc un autre modèle institutionnel !

Organisé·e·s, délibérants dans des assemblées dans nos localités et sur nos lieux de travail, exerçant un contrôle sur des délégué·e·s élu·e·s et révocables, nous pouvons non seulement décider de manière éclairée, mais mettre nous-mêmes à exécution les décisions prises. De telles assemblées ont existé dans bien des épisodes de l’histoire, de la Commune de Paris aux conseils ouvriers d’Allemagne et de Russie, jusqu’à ceux plus récents d’Iran, de Oaxaca et du Kurdistan d’Irak. Elles forment le socle de ce que devrait être une République des travailleurs·ses, la seule véritable République sociale.

C’est une telle République, basée sur la démocratie directe des exploité·e·s et non sur une nouvelle assemblée parlementaire même « constituante », qui pourra prendre les mesures énergiques qu’appelle toute la situation de catastrophe économique, sociale et écologique que nous lègue une classe capitaliste en faillite. Nous estimons pour notre part que, pour enrayer le chômage et la misère, pour engager une bifurcation écologique radicale et répondre aux besoins sociaux, ces premières mesures révolutionnaires devront être :

  1. L’expropriation du système bancaire, des entreprises du CAC 40 et des entreprises d’intérêt social et écologique ;
  2. La socialisation et la gratuité des biens de première nécessité et le contrôle des travailleurs·ses sur la production et les prix à la consommation ;
  3. La proclamation d’un droit opposable au travail, garanti par la société ;
  4. Le soutien politique à la révolution dans tous les pays

Des prolétaires internationalistes

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