Combattre l’industrie de l’armement est une nécessité !
François Hollande a finalement renoncé à fournir à l’État russe les porte-hélicoptères « Mistral ». La vive polémique qui a suivi cette décision illustre le poids et l’importance stratégique de l’industrie de l’armement pour la politique impérialiste de l’État français. 100 ans après la « première guerre mondiale« , l’industrie de l’armement est toujours aussi prospère. Aujourd’hui, elle doit rester dans la ligne de mire des révolutionnaires. En effet, cette industrie est tout à la fois une immense source de profits pour les capitalistes, un gigantesque laboratoire et un dangereux outil dans les mains des classes dominantes (tant sur le terrain militaire des guerres impérialistes que sur le plan idéologique).
Des entreprises très rentables :
L’industrie de l’armement représente en France 4 000 entreprises, près de 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 165 000 emplois. Elle a donc un poids économique considérable. C’est surtout une source de profits conséquents pour les grands capitalistes à la tête de ces entreprises. Pour ne citer que les plus connus, le résultat net de Safran fut de 1,19 milliards d’euros en 2013 et celui de Dassault aviation de 524 millions d’euros. L’exploitation des travailleurs et le sang des victimes des guerres est un moyen facile de faire de l’argent pour la bourgeoisie.
L’armement est ainsi l’occasion pour les capitalistes d’empocher de nombreuses aides publiques. Ceci par le biais de subventions dans le cadre de programme de recherche. Et surtout via la commande publique. À79 millions d’euros l’exemplaire, les achats d’avions Rafale par l’État viennent par exemple remplir les caisses de Dassault.
Les industriels ont d’ailleurs fait pression avec succès sur le gouvernement pour qu’il renonce aux restrictions budgétaires anoncées dans le secteur de la « défense nationale ».
La France est le 4ème exportateur d’armes dans le monde, derrière les États-Unis, la Russie et la Grande-Bretagne. Le ministère de la Défense s’est réjoui dans un communiqué de presse de la hausse de 30% des exportations d’armements de la France entre 2012 et 2013. Elles représentent au total 6,3 milliards d’euros de prises de commandes. Un gigantesque supermarché de l’armement est organisé tout les 2 ans à Satory pour servir de vitrine à l’industrie française (http://www.eurosatory.com/home.aspx ).
Il faut dire que la France n’est pas très regardante quand il s’agit de faire des bonnes affaires. Le contrat pour la livraison des porte-hélicoptères « Mistral » avec la Russie s’inscrit dans une longue tradition. Dans les années 80, la France avait provoqué la fureur de Margaret Thatcher lors de la guerre des Malouines en fournissant des missiles à la dictature argentine. Elle a vendu des armes en très grand nombre à l’Irak de Saddam Hussein et au régime islamiste iranien au cours de la guerre Iran-Irak. En 2010, ce sont 192 millions d’euros d’armes qui ont été vendus à la Libye de Kadhafi. Actuellement, le 1er client de la France est l’Arabie Saoudite, pays où les droits humains sont régulièrement bafoués et où les femmes n’ont même pas le droit de conduire une voiture.À noter que la France n’a pas non plus de scrupules à vendre des armes en grandes quantités à la Grèce (cinquième importateur d’armes du monde) pourtant soumise à un plan d’austérité drastique par l’UE.
Ces exportations permettent de fabuleux profits pour les industriels mais elles sont aussi l’occasion d’affaires de corruption mettant en cause des politiciens, comme la fameuse« affaire Karachi » ou celle des « frégates de Taïwan ».

Un laboratoire technologique et répressif :
l‘entreprise Thales est notamment spécialisée dans ce domaine – dont ne disposent pas forcément les pays acheteurs, surtout quand il s‘agit d‘États « néo-colonisés » comme le Tchad par exemple. C‘est un moyen de rendre ces pays dépendants du « savoir-faire » occidental en la matière, de façon plus générale, cette dépendance permet de renforcer la domination des États impérialistes tels que la France, les USA et le Royaume-Uni.
Les avancées technologiques sont d‘une telle importance pour l‘armement que le ministère de la Défense finance environ 10 % de toute la recherche et développement (R&D) en France, soit une dépense de 3,28 milliards d’euros. Il s’agit essentiellement de recherches « duales« , c’est à dire de programmes de recherche avec une finalité à la fois civile et militaire. Si certaines innovations créées pour des objectifs militaires sont utiles socialement (dans la médecine, internet etc.), d’autres sont porteuses d’un potentiel répressif et de risques inacceptables. Nous pouvons citer les armes nucléaires mais aussi les armes chimiques et bactériologiques, informatiques...
Les technologies de l’armement peuvent être utilisées pour réprimer des mouvements sociaux, surtout dans les pays dits « du tiers monde ». Ceci au niveau du matériel de guerre proprement dit comme au niveau des techniques de maintien de l’ordre utilisées par les policiers, voire par des militaires directement. Ce fut le cas récemment lors des « printemps arabes ».Dans ce cas, c‘est surtout le savoir–faire en matière de guerre contre-insurrectionnelleissu de la guerre d‘Algérie qui est exporté via des « accords de coopération » entre la France et les pays du Maghreb.Chez eux, les États occidentaux ont plutôt recours aux technologies militaires pour contrôler leurs frontières et cibler les travailleurs immigrés. Ainsi, avec le programme Frontex, les États de l’UE utilisent des bateaux de guerre, des drones ou des radars pour transformer le territoire en une véritable « Europe forteresse », aux barbelés de laquelle 20 000 personnes sont mortes ces vingt dernières années.
Une propagande militariste : « l’esprit de défense »
À l’échelle mondiale, les États-Unis qui disposent de la plus grosse armée du monde et qui sont de très loin les premiers fabricants d’armes, répandent une idéologie militariste à grand renfort de « guerres justes », de films hollywoodiens ou de jouets pour enfants à la gloire des GI. Le but est double : utiliser le prestige d‘une armée déployée au nom des valeurs « démocratiques » dans des guerres « humanitaires » (prestigue issu essentiellement de la victoire sur le nazisme) pour faire oublier les échecs de l’impérialisme américain (Viêt Nam et dans une moindre mesure Irak) et faire accepter les futures guerres. Il s’agit également à l’intérieur du pays de « rassembler » le « peuple » autour de l’armée, protectrice de la « nation » contre des boucs émissaires faisant office d’ennemis intérieurs à abattre (autrefois le communiste, aujourd’hui le terroriste/l’étranger/le non-blanc à travers les figures de l’arabo-musulman, du prolétaire racisé etc.).

Serge Dassault, en plus d‘être un politicien véreux et la 4ème fortune de France, cumule la présidence de Dassault aviation et de Socpresse, qui publie le Figaro entre autres. La famille Lagardère, qui a longtemps dirigé l‘entreprise d‘armement Matra, est à la tête d‘un empire médiatique : Europe 1, RFM, Canal J, Paris Match, Elle, Le Journal du dimanche etc.
Le groupe Lagardère détient la maison d‘édition « Hachette livre » qui publie de nombreux manuels scolaires, et notamment des manuels d‘histoire-géographie. Voilà qui est particulièrement inquiétant quand on sait que l’éducation est l’un des terrains privilégiés par l’État pour diffuser « l’esprit de défense ».
« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels. » (Anatole France)
Mort à la guerre, mort au capitalisme !