(éditorial de Pour le communisme ! septembre / octobre)
Le travailleur, la travailleuse n’est pas uniquement esclave de l’employeur dans l’entreprise : lorsqu’il ou elle en sort, c’est le marchand, le propriétaire et le banquier qui prennent le relais. Qu’importent les visages qu’ils prennent, ce qui distingue les riches et les capitalistes, c’est leur monopole privatif sur tout ce qui est nécessaire à la vie : nourriture, logement, moyens de communication, matières premières ou transformées, liquidités en argent. Le droit sanctionne cette situation : sous le masque de l’ « égalité », il légalise l’impôt privé, l’extorsion savamment organisée de notre sève vitale, jour après jour.
D’abord, nous travaillons pour la paie, et la paie est inférieure à la valeur des richesses que notre travail produit ou organise. Ensuite, de générations en générations, notre classe paie des loyers qui remboursent des dizaines, des centaines de fois ce qu’a coûté la construction des immeubles où nous habitons. Nous achetons des vêtements, des fruits et des légumes, des ordinateurs et des voitures à des prix incomparablement plus chers que ce que le capitaliste a avancé pour les produire, et la grande distribution pour les distribuer. Et comme tous ces frais sont exorbitants et que le salaire n’y suffit pas, nous devons acheter de l’argent aux banques, nous endetter à des taux qui sont d’autant plus élevés que l’emprunteur est pauvre.
Le pire, c’est qu’en cherchant à nous en sortir, nous ne faisons que renforcer les moyens qui permettent à la classe aisée de nous maintenir en dépendance. La condition d’existence du capitalisme, c’est le renforcement constant de cette extorsion. Plus les richesses sont grandes, plus la pauvreté augmente ; plus les entreprises sont puissantes, plus l’exploitation s’intensifie. La « compétitivité », que Hollande / Ayrault / Valls / Belkacem veulent « restaurer », ne consiste en rien d’autre qu’en une efficacité accrue de ce racket, une plus grande « attractivité » du prolétariat de France à cette prédation. La crise n’est rien d’autre qu’une crise de boulimie du capital, capital qui doit maîtriser tous les moyens d’existence des gens pour continuer à produire du profit.
Exiger la gratuité de tous les biens nécessaires à la survie du peuple, c’est attaquer les fondements de la dépendance du grand nombre aux industries agroalimentaires, pharmaceutiques, aux bailleurs et entreprises de construction, aux fabricants de biens d’équipement, à la grande distribution, aux monopoles du transport ou de la distribution de l’eau. Il n’y a pas de solution dans l’isolement à la campagne : la gratuité pose la nécessité, immédiatement, de s’emparer, pour tous et toutes, de ces moyens. Prendre en charge collectivement ces richesses matérielles, les faire tourner pour les besoins d’une vie digne d’être vécue, en dehors de tout échange monétaire, c’est saper, à la racine, les bases de la domination de classe des capitalistes.