Ce discours a introduit un meeting en solidarité avec les mouvements populaires « pour la liberté et le pain » dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Cette rencontre, qui a réuni plus de 100 personnes à Lyon a été organisée, entre autres, par les militants d’Union Pour le Communisme.
Deux sentiments nous ont conduit à organiser ce meeting.
D’une part, l’espoir immense qu’a fait naître le processus révolutionnaire en Tunisie, non seulement dans tous les pays d’Afrique du Nord, du Maghreb, du Machrek et du Moyen-Orient mais dans le cœur des peuples et des opprimés du monde entier.
D’autre part, la haine et le dégoût que nous a inspiré la réaction du gouvernement français, le gouvernement des riches et des impérialistes, face à la lutte courageuse du peuple en Tunisie, en Égypte, et ailleurs.
Depuis que nous avons pris cette décision, les événements se sont accélérés. Moins d’un mois a séparé le départ de Ben Ali, le 14 janvier, de celui de Moubarak, le 11 février. Aujourd’hui, le peuple libyen fait face courageusement aux tueurs et aux mercenaires du colonel Kadhafi, ce dictateur agent de la police des frontières et de l’immigration de l’Union Européenne. A qui le tour ? se demandent les peuples, les travailleurs et travailleuses, qui ne voient pas un chef d’État pour en rattraper l’autre et qui partout sont poussés à la misère par les pouvoirs en place. Et aujourd’hui, c’est en Algérie, au Maroc, au Yémen, au Maroc, et jusqu’à l’Iran et l’Irak que des mobilisations se mettent en place.
Ce que nous voulons dire ensemble, c’est que nous sommes solidaires de ces mobilisations, que nous voulons mieux les connaître car pour nous, c’est un combat commun que nous devons mener par delà les frontières contre un système mondial synonyme d’inégalités, d’exploitation, d’oppressions en tous genres. Nous avons des milliers de liens qui, en dépit de l’histoire, nous unissent des deux côtés de la méditerranée, qui unissent l’Orient et l’Occident. Cette histoire, c’est celle du capitalisme, du colonialisme, de l’impérialisme mais c’est aussi celle de la résistance commune que les travailleurs et les peuples ont mené par le passé contre les atrocités de ce système, contre la guerre menée hier contre les Algériens, et contre celle menée aujourd’hui contre les Irakiens et les Palestiniens. Et la moindre des choses, compte tenu de ces liens, ce serait d’imposer la liberté pleine et entière de circulation pour tous et toutes de l’Afrique à l’Europe jusqu’au Moyen-Orient, et le traitement réservé aux 5000 immigrants tunisiens échoués sur les rives de l’Italie et avec lesquels Brice Hortefeux tente une fois de plus de semer le racisme en France nous le rappelle avec force.
A ce propos, les médias, les dirigeants politiques, effrayés par les demandes de liberté des peuples, agitent le spectre de l’islamisme alors que ce n’est certainement pas au nom de la religion que les peuples et les exploités se sont révoltés. Et si Sarkozy fait beaucoup d’agitation autour de la République Islamique d’Iran, et essaie de se faire passer pour un ami du peuple iranien brutalisé par ce régime depuis 30 ans, cela n’empêche pas l’État français de délivrer des obligations à quitter le territoire à certains exilés iraniens, comme notre camarade Said qui risquerait sa vie là bas si il était expulsé – et nous vous invitons à tous signer les pétitions de soutien sur la table de presse.
En Tunisie comme en Egypte, le départ des dictateurs n’est pas synonyme de la fin de la dictature. Les mêmes responsables de l’Etat, la même police et le même etat-major restent en place. D’autre part, différents courants existent dans la société, qui proposent chacun leur alternative. Certains ont des soutiens puissants au niveau international, notamment celui des grandes puissances. La droite soutient la droite, les libéraux soutiennent les libéraux, les démocrates bourgeois soutiennent les démocrates bourgeois, c’est à dire ceux qui pensent que les pauvres peuvent bien rester pauvres et exploités du moment qu’il existe une façade parlementaire un peu plus « démocratique ». Nous, les peuples, les travailleurs, travailleuses, les syndicalistes, tous ceux qui aspirent à et militent pour la liberté et à l’égalité sociale, nous devons soutenir notre propre camp, celui des travailleurs égyptiens payés à 1,50 euros de l’heure, celui des femmes irakiennes qui luttent contre l’occupation, les coupures d’électricité et pour un gouvernement laïque, celui des diplômés en Tunisie qui restent sans travail. L’image que nous renvoient leur situation difficile, c’est celle de l’avenir qui est réservé à tous les travailleurs du monde, y compris ici, nous ne en sortirons qu’ensemble.
C’est cette idée là qui nous a poussé à inviter des camarades qui militent au sein des organisations de la gauche révolutionnaire, en Tunisie, au Maroc, en Algérie, en Irak et en Iran, pour qu’ils nous fassent état de la situation et pour introduire une discussion collective sur les luttes qui ont été mené et qui continuent de l’être. Au-delà de la solidarité internationaliste que nous devons mettre en place, nous devons développer une véritable fraternité de combat, discuter et tirer ensemble les leçons, les perspectives car nous avons un intérêt commun : celui de dire Dégage ! à tous les dirigeants et régimes réactionnaires, à ce système pourri qu’est le capitalisme international.
Union pour le communisme