« La révolution est venue / Il est temps de prendre les armes »
(chant des Black Panthers, 1968)
La mort de George Floyd le 25 mai a été suivie, aux États-Unis, de presque deux semaines de manifestations et d’émeutes. Ces événements, dont la mort de Floyd a été le déclencheur à la fois atroce et trop familier, sont l’aboutissement de décennies de racisme, de violences policières et de politiques qui ont attaqué systématiquement les vies des travailleur·ses noir·es. Ils sont l’aboutissement d’une présidence en forme de « backlash », de retour de bâton de l’Amérique suprémaciste incarnée par Donald Trump, contre l’espoir d’une société post-raciale qu’avait pu représenter la présidence Obama. Ils sont, enfin, le résultat de la dernière crise, au cours de laquelle les travailleur·ses, et plus particulièrement les afroaméricain·es, ont payé un lourd tribut humain et économique.
Durant les derniers jours, tout a été tenté pour calmer la révolte : la matraque, la menace d’une intervention militaire, les interventions moralisatrices de la bourgeoisie démocrate.
La référence de Trump lors d’un discours à l’Insurrection act, au port d’arme et le qualificatif de « terrorisme » contre ses opposant·es politiques, a toutefois provoqué l’inverse de ce qui était escompté. Les américain·es se sont rendu·es en masse dans les manifestations, scandalisé·es par les atteintes aux libertés démocratiques et les appels du pied aux milices d’extrême-droite.
Mais, plus que la défense de la constitution américaine, qui organise l’exploitation des travailleur·ses et l’organisation raciste de la société, c’est l’autodéfense qui doit être à l’ordre du jour. Déjà, nombreux·ses sont les déçu·es de l’establishment démocrate à ne plus rien attendre de l’alternance bourgeoise promise par Joe Biden : la démocratie américaine ne peut venir que des luttes menées actuellement, et de la guerre menée à la classe capitaliste raciste.
Ici aussi, la vie des Noir·es et des Arabes compte !
En France, le mouvement « Black Lives Matter » a trouvé un écho particulier. Nous sortons de plusieurs mois de crise sanitaire, au cours de laquelle les travailleur·ses, notamment racisé·es, ont été particulièrement exposé·es, et d’un confinement qui aura à nouveau fait peser l’arbitraire policier dans les quartiers populaires, tandis que la bourgeoisie fuyait à la campagne et mettait à l’abri ses cadres pour organiser l’exploitation à distance, en télétravail.
La police française a une culture ancrée de violence et de racisme, niée par une classe dirigeante aux abois, qui n’ose attaquer son dernier rempart après avoir essuyé deux mouvements sociaux majeurs en quelques mois. La mort d’Adama Traoré en 2016, dans des circonstances similaires à celle de George Floyd, montre ainsi combien il serait faux de penser que le problème est américain, en se drapant dans un universalisme bourgeois imbécile, abstrait et criminel.
Il est réjouissant de voir des dizaines de milliers de manifestant·es, à Paris, Marseille, Lyon, Toulouse ou encore Lille, désobéir aux préfets et au gouvernement pour défendre le droit des Noir·es, des Arabes à vivre sans craindre la violence voire la mort aux mains de la police.
Cette lutte doit être celle de l’ensemble des travailleur·ses, car les capitalistes entretiennent le racisme et s’en servent pour dresser des murs au cœur de notre classe, en aggravant les conditions d’exploitation des prolétaires racisé·es et en les livrant à la vindicte de l’extrême-droite.
Sans solidarité face aux violences policières et racistes, il ne saurait y avoir d’espérance révolutionnaire.
Aujourd’hui, les manifestations états-uniennes nous montrent la nécessité de ne compter que sur notre propre force, et sur les alliances que les exploité·es peuvent former, à l’image des travailleur·ses de la santé rejoignant les manifestations dans les grandes villes américaines.
Partout, manifestons et organisons cette lutte commune, pour en finir avec l’organisation raciste et capitaliste de la société !
Photo Geoff Livingston CC BY-NC-ND