Pourquoi on resterait calme ?

(éditorial de Pour le communisme !)

Ces derniers mois, les résistances ne manquent pas parmi les travailleurs-ses : 2 000 ouvrier-e-s en grève dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, cinq grands chantiers de Vinci bloqués pour réclamer une hausse des salaires ; hommes et femmes de chambre en grève dans plusieurs hôtels de luxe ; agent-e-s d’entretien, BIATOSS et contractuels en lutte à Paris 8, à la BNF ; vacataires qui refusent la précarité ; travailleuses sans-papiers du boulevard Saint-Denis qui arrachent leur régularisation ; débrayages contre les heures sup’ à PSA Saint-Ouen ; CAF occupées contre la fermeture des guichets etc.

Ces luttes sont menées le plus souvent parmi les couches les plus méprisées et exploitées de notre classe : les femmes travailleuses ; les prolétaires racisés, cantonnés dans des tâches subalternes ; les précaires et les sans-travail. Elles touchent des corps de métier parfois peu organisés, peu habitués aux luttes d’ampleur : c’est le cas de la construction et des travaux publics, où la grève qui a traversé l’entreprise Vinci et ses sous-traitants est d’une ampleur inédite depuis des décennies.

Ces combats restent encore isolés. Ils se limitent à une entreprise ou une localité, plus rarement à une branche d’activité. Escarmouches visant tel ou tel capitaliste, telle ou telle situation de travail, les grèves éclatent suite à une manifestation de trop d’arrogance patronale qui fait déborder la coupe : ici une proposition d’augmentation de salaire de un centime, là le refus de prendre en compte les besoins élémentaires en matière de sécurité au travail. Préparées parfois par un milieu syndical combatif, démarrant d’autres fois des suites de l’action invisible de minorités prolétariennes en révolte : ces luttes sont d’un niveau encore trop faible soit pour échapper à l’encadrement d’intersyndicales conciliantes, constituées ad hoc, soit pour impulser une politique d’extension de la lutte vers d’autres catégories de travailleurs-ses, dont elles peinent à trouver l’oreille.

Vers l’affrontement

calmeCette lutte élémentaire pour défendre nos conditions de vie va s’approfondir.

L’accumulation des plans sociaux, ouverts ou déguisés ; le long enchaînement des mesures anti-ouvrières du gouvernement, visant à faire tomber une à une les protections existantes contre la sur-exploitation ; la paupérisation continue ; le mépris sexiste et raciste visant les secteurs décisifs de la classe exploitée – relayé par une propagande continue à grande échelle – produiront une explosion sociale. Cette explosion transformera les luttes menées entreprise par entreprise, contre chaque employeur individuel ou contre l’État employeur, en une seule et même lutte à l’échelle du pays, contre toute la classe des capitalistes et son pouvoir politique gouvernemental.

Il s’agira alors de surmonter les difficultés qui ont conduit aux défaites des dernières années : en engageant un véritable rapport de force et en permettant l’organisation et l’expression d’une politique cohérente des travailleurs-ses en lutte, au plan hexagonal, comme alternative à la politique des dirigeant-e-s syndicaux attaché-e-s à la paix sociale, qui reculent devant l’affrontement.

Derrière le calme apparent et le théâtre d’ombre de la politique officielle, les contradictions s’accumulent silencieusement. Ces contradictions qui travaillent la société sont d’autant plus implacables que ce qui est en jeu, concrètement, c’est la survie de familles entières. La situation atteindra inévitablement un point de rupture dans la prochaine période et la colère jusqu’ici contenue éclatera en pleine lumière. Il faudra alors avoir les idées claires ; être organisé-e-s d’une manière suffisamment conséquente pour pousser la lutte au bout de ses possibilités. Il faudra également en faire le foyer, le creuset de la renaissance de notre perspective de classe : la révolution sociale, le communisme.

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