Ça va chauffer ! (2)

 Suite de notre série sur l’écologie (voir article précédent)

– L’ineptie des solutions libérales face au changement climatique :

Les économistes libéraux défendent le dispositif actuellement en place de quotas de droits à polluer que les entreprises peuvent s’échanger sur un grand marché des droits à polluer. Concrètement, une entreprise se voit accorder par l’Union Européenne une certaine quantité de gaz à effet de serre qu’elle peut rejeter dans l’air. Si elle rejette moins de gaz que prévu, elle va pouvoir vendre ses droits à rejeter du gaz non utilisés à une autre entreprise qui à l’inverse peut avoir besoin d’en rejeter plus que prévu. Autrement dit, la protection de l’atmosphère est confiée à la loi du marché.

Nous pouvons nous interroger sur les problèmes éthiques que posent les solutions libérales : se faire du fric en spéculant sur la pollution ou privatiser la qualité de l’air sont des pratiques peu reluisantes. D’autant plus que le dispositif de marché des droits à polluer autorise les entreprises les plus riches – bien souvent celles des pays industrialisés – à polluer en plus grande quantité que les autres. Mais, aux yeux de la bourgeoisie, ce type de solutions a le mérite d’être cohérent et compatible avec le système économique capitaliste. En revanche, c’est une autre histoire en matière de réduction de la pollution. Le dispositif de quotas est censé pousser les patrons à mettre en œuvre des efforts pour réduire leurs émissions de gaz, efforts qui doivent être récompensés par la vente des droits à polluer. Sauf que par crainte de voir diminuer le volume de droits accordés, nombre d’entreprises sont au contraire tentées de polluer suffisamment pour justifier le renouvellement de ces droits.

Enfin, les mécanismes du marché sont incapables d’assurer un équilibre cohérent des échanges de droits à polluer. La fameuse « main invisible » – qui régulerait les échanges économiques comme par magie – est une solution particulièrement absurde pour lutter contre le changement climatique. Par exemple, avec le ralentissement de l’activité économique, beaucoup d’entreprises n’ont pas « consommé » la totalité de leurs quotas d’émission de gaz. Le marché étant ainsi saturé, le prix de la tonne de gaz à effet de serre est donc devenu extrêmement faible : il est passé de 30 à seulement 5 euros en l’espace de 10 ans. À cause de ces prix très bas, l’achat de droits à polluer ne représente pas un véritable frein pour l’industriel qui souhaite développer des activités polluantes et leur vente n’est pas une incitation pour celui qui voudrait réduire ses émissions. D’autant plus que la baisse actuelle du cours du pétrole rend cette énergie polluante beaucoup plus intéressante financièrement que les énergies renouvelables.

Le caractère pervers des mécanismes de marché a aussi été démontré suite à la polémique qui a entouré le développement des agro-carburants. La production agricole destinée à être transformer en carburant s’avère être une activité très rentable, surtout que ces carburants sont bien souvent soutenus par des aides publiques. De nombreux agriculteurs se sont lancés dans cette production en lieu et place des productions vivrières destinées à nourrir la population. Nous avons pu assister ces dernières années à de véritables « émeutes de la faim » à cause de cette situation qui a crée de graves pénuries en denrées agricoles dans les pays les plus pauvres de la planète.

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