Ça va chauffer ! (1)

« Nous nous sommes mis d’accord pour nous mettre d’accord lors de la prochaine conférence ». Voici la conclusion de la 20ème conférence mondiale sur le climat qui a eu lieu en décembre à Lima au Pérou. Ces conférences sont des temps de discussion entre les États sur les objectifs à atteindre pour lutter contre le réchauffement climatique d’origine anthropique. La prochaine se déroulera en décembre 2015 à Paris, Hollande pourra même compter sur le soutien de Nicolas Hulot et d’Arnold Schwarzenegger pour mener à bien ce prochain cycle de négociations. Avec la politique sécuritaire, Hollande compte bien faire de l’enjeu climatique l’un des piliers de l’ « unité nationale » comme il l’a annoncé lors des vœux à la nation début janvier. Les États se sont fixés comme but la réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre en 2050 mais sans préciser les moyens d’y parvenir. Autant dire que cette future conférence de Paris s’annonce comme un échec de plus alors que les émissions de gaz à effets de serre ne cessent de grimper.

Les questions liées au climat, et à l’écologie en général, ne peuvent pas être déconnectées du mode de production économique dans lequel nous vivons : le capitalisme. Une société capitaliste sera toujours destructrice de son environnement.

Ce qui distingue le mode de production capitaliste – outre qu’il est basé sur  l’exploitation de l’homme par l’homme – c’est sa finalité : la recherche de profits dans le but d’accumuler toujours plus de capitaux. Pour  atteindre ce but, les capitalistes vont produire en fonction de la  rentabilité de la marchandise produite et pas en fonction des besoins  utiles à la société ou des conséquences pour la planète. Autrement dit,  le capitaliste va avoir intérêt à exploiter les salariés pour produire  et vendre des masses d’objets manufacturés souvent peu utiles (« une  immense accumulation de marchandises »), fabriqués au coût le plus bas  possible. Il est même souvent tenté de fabriquer des marchandises  volontairement peu solides pour que les consommateurs les rachètent plus  rapidement (l’ « obsolescence programmée »). Autant dire que le respect  des engagements écologiques (rejeter moins de déchets, de gaz à effet  de serre etc.) n’est pas l’objectif poursuivi. Quand bien même un patron  « généreux » souhaiterait tenir compte de considérations sociales ou  écologiques sérieuses, il ferait rapidement faillite face aux autres patrons moins scrupuleux qui eux seront capables d’accumuler plus de  capitaux en produisant à un coût plus faible.

Au sujet de l’échec de la conférence de Lima, les médias insistent sur le fait que les deux principaux pays pollueurs – les USA et la Chine – font barrage à toutes les mesures jugées trop contraignantes pour leur économie. Nous avons assisté lors de la conférence à un désaccord entre les USA et les pays « émergents » d’un côté et l’Union Européenne de l’autre. L es USA et les pays « émergents » craignent que la lutte pour le climat se fasse au détriment des profits de leurs entreprises, l’Union Européenne compte sur les avancées technologiques de son économie pour tirer partie de mesures « durables » qui seraient imposées par la conférence. Enfin, les pays les plus pauvres sont courtisés par les deux camps pour prendre position en faveur de l’un ou de l’autre.  Mais le principal point de divergence trouve son explication dans les rapports d’exploitation qu’entretiennent les États impérialistes avec le reste du monde. L’impérialisme est nécessaire aux économies capitalistes pour pouvoir leur offrir de nouvelles sources de profits en dehors des frontières des marchés nationaux (voir la fiche sur le site internet de l’association table rase). De plus, soucieuses de préserver un cadre de vie et un environnement de qualité, les bourgeoisies des pays riches du centre préfèrent implanter les activités les plus émettrices de nuisances sur les territoires des pays périphériques. Ainsi, les classes capitalistes n’hésitent pas à saccager des forêts équatoriales au Congo-Kinshasa ou en Nouvelle-Guinée pour produire de l’huile de palme ou extraire les minerais rares indispensables aux ordinateurs et autres téléphones portables, à faire extraire l’uranium par les populations nigériennes, sommairement protégées, avant de laisser s’accumuler les matériaux radioactifs sans protection en plein air. Sans surprise, cette exploitation se fait à marche forcée, les États impérialistes s’appuyant sur la guerre pour imposer leur politique et pour s’accaparer les richesses naturelles (à l’image des guerres en Irak pour le pétrole). Dans un tel contexte, nous pouvons comprendre que les négociations sur le niveau de réduction des émissions des gaz à effet de serre restent un problème secondaire pour de nombreux pays.

Si le « développement durable » ou la « croissance verte » peuvent être très rentables pour certains secteurs spécialisés – dans la dépollution des sols ou le traitement de l’eau par exemple – ces grands principes prônés par les capitalistes s’arrêtent très vite dès qu’ils peuvent menacer la rentabilité d’autres secteurs. Surtout, la protection de l’environnement passe vite aux oubliettes quand un projet d’infrastructure permet d’augmenter la rente foncière et l’ « attractivité économique » des territoires concernés. Pour continuer à s’accumuler, le capital a besoin de concentrer sur un même territoire les activités  nécessaires à la maximisation des profits : des centres de recherche, des industries de haute-technologie (biotechnologie, nanotechnologie etc.) ou encore des infrastructures de transport comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais pendant que certains territoires se réorganisent et s’embourgeoisent pour centraliser encore plus de capitaux et d’investissements, des territoires entiers sont marginalisés (les quartiers d’habitats collectifs de banlieue, les territoires ruraux, les territoires industrialisés, les petites villes…).

Au-delà des polémiques sur le réchauffement climatique, l’un des principaux enjeux vient du fait que la plupart des ressources naturelles ne sont pas inépuisables. C’est plus particulièrement le cas des énergies fossiles telles que le pétrole, le charbon ou le gaz. Aussi, il est indispensable de mettre en œuvre une stratégie pour pouvoir continuer à fournir et répartir équitablement les ressources énergétiques nécessaires aux activités humaines (logement, agriculture, transport etc.) tout en limitant leur impact sur la planète. Face à cette situation, trois grands types de réponses sont proposées :

les solutions libérales
les solutions étatiques
les solutions alternativistes.
Nous verrons dans un prochain épisode pourquoi ces trois solutions sont dérisoires : sans destruction du mode de production capitaliste, elles ne resteront que des mesurettes sans grand effet réel.

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