Du régime de crise à la crise de régime

  Edito de Pour le communisme! (avril 2013)580022_jerome-cahuzac-lors-d-une-conference-de-presse-sur-la-lutte-contre-la-fraude-fiscale-le-20-novembre-2012-a-paris

Partout, le régime de crise provoque la crise de régime. Des événements fortuits la révèlent.  En France, la fraude fiscale de l’ex-ministre en charge du budget, Cahuzac, déclenche l’incendie. Et tout indique que son ami Moscovici, en charge de l’économie et des finances, promoteur de la saisie directe sur les comptes chypriotes, a tout fait pour protéger ces fonds détaxés et insaisissables.

        On nous parle de  » dérives individuelles « . Mais chacun voit que c’est le fonctionnement normal du capitalisme, les pratiques et les valeurs qu’il induit, qui sont pourris à la racine. L’électeur socialiste de milieu modeste constate les connexions affairistes de  » son  » ministre avec les franges les plus réactionnaires de l’extrême-droite et est estomaqué. Il a tort, et il devra apprendre par l’expérience qu’un bourgeois, avant d’être de gauche, du centre, de droite, fasciste ou démocrate, est d’abord un bourgeois.

       Nous ne sommes pas seuls à faire le constat de la crise de régime. La droite et l’extrême droite se retrouvent dans la rue contre « le mariage pour tous » et préparent ce qu’ils espèrent être un retour aux affaires. Derrière la dénonciation du prétendu « lobby gay », des magistrats, et de la « gauche morale », c’est les luttes de notre classe que visent les Guaino et  les Copé comme les Marine le Pen et les Gabriac, en renforçant la cohésion de la bourgeoisie pour mieux nous écraser demain.

  Ainsi, les fascistes, qui servent de service d’ordre aux manifestations homophobes et racistes de la droite dite « classique » vont prendre de plus en plus d’importance comme supplétifs de l’appareil répressif de la bourgeoisie (comme le 22 octobre 2010 à Lyon lorsqu’ils voulurent attaquer un piquet de grève de la CGT à la Gare de Perrache).

        Que dit le Front de gauche dans cette situation ? Au-delà du PCF -qui pense surtout à la sauvegarde de ses élus dans les mairies et les assemblées, Mélenchon nous propose une sixième république, tout aussi bourgeoise que les cinq premières, et titille la fibre nationaliste d’une frange de l’électorat « de gauche ».

        Alors que la révolution paye le prix du sang pour son aveuglement parlementaire en Tunisie comme en Egypte, on nous dit que pour sortir de la crise, il faudrait élire en France une Constituante au suffrage universel – c’est à dire nous soumettre à l’ « opinion », façonnée chaque jour par la classe dominante, ses médias, ses réseaux d’influence profondément ancrés ! Croire qu’une république bourgeoise remaniée en 6ème ou 7ème ou 8ème république pourrait écarter le danger fasciste est illusoire. On l’a vu avec le Front Populaire qui, après avoir entretenu de nombreuses illusions, a fait barrage, non pas au fascisme, mais à la mobilisation des travailleurs dans les grèves de juin et septembre 1936.

 Face à l’offensive capitaliste et réactionnaire,  comme aux illusions de la petite-bourgeoisie démocratique, nous, communistes révolutionnaires, défendons la lutte classe contre classe, force contre force, jusqu’à sa conséquence ultime : la prise du pouvoir par les exploité-e-s eux-mêmes, solidement organisés en classe et donc en parti, en conseils de travailleurs-ses. C’est à la classe ouvrière, par sa mobilisation, dans une perspective résolument révolutionnaire, d’écarter le danger fasciste. Ni cinquième, ni sixième : la seule République pour laquelle nous nous battons, c’est la République Socialiste des travailleurs et des travailleuses. Cette voie est la plus difficile en apparence; elle est certes encombrée d’obstacles que nous devrons surmonter pas à pas, mais c’est la seule pour sortir du capitalisme, du règne sans fin de l’argent et de son accumulation !

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