
200 représentants de la France officielle, emmenés par François Hollande, ont fait escale le 20 décembre 2012 pour trois jours dans les palais de la « République algérienne démocratique et populaire». Le président français y a reconnu les méfaits du colonialisme mais sans s’en excuser, de sorte à ne froisser ni les algériens, ni les nostalgiques de l’Algérie française, à ménager la chèvre et le choux avec l’esprit de « synthèse » qu’on lui connaît.
Les médias bourgeois ont relayé avec zèle ce numéro d’équilibriste devant le parlement algérien mais ont peu souligné que la vocation du voyage est avant tout économique.
Comme partout ailleurs, les parts de marché de la France baissent de manière continue en Algérie. Elles ont chuté de 10 % entre 2000 et 2010. Malgré cela, la France continue à se tailler la plus grande part des importations : environ une marchandise sur cinq qui entre sur le marché intérieur algérien est vendue par un capitaliste français. Le rapport de dépendance est d’autant plus éclatant que c’est surtout le marché agro-alimentaire qui est concerné, c’est à dire les produits de subsistance les plus essentiels à la population.
C’est ce marché en recul dont les géants du CAC 40 veulent négocier la relance avec la bourgeoisie algérienne, qui tente d’arracher ici ou là deux ou trois « transferts de technologie » … mais certainement pas dans les domaines où les besoins de la population pauvre sont urgents. Prétendant parler au nom des deux peuples et enterrer le passé avec des trémolos dans la voix, riches à milliards les uns et les autres, ils discutent de comment fabriquer des bagnoles Renault moins chères ou des tramways modernes et distinguées qu’ils font circuler à Paris ou à Alger, au beau milieu du chômage de masse.
Mais les prolétaires, en France comme en Algérie, n’ont rien à attendre de l’ « amitié » et des accords commerciaux de « leurs » dirigeants. Ils ont une autre histoire, bien distincte de celles de leurs exploiteurs, et une autre amitié à construire, contre eux. Ils n’ont rien à sauver dans le navire du capitalisme qui prend l’eau des deux côtés de la Méditerranée.